À en croire une note économique récente, un euro cotisé en 1982 donnerait 1,93 euro en 2019 dans un système de retraites par répartition, contre 21,90 euros dans un fonds de pension, investi à 50% en obligations et à 50% en actions.

La retraite par capitalisation serait dix fois plus rentable que la retraite par répartition. C’est la conclusion, pour le moins explosive en plein mouvement de connouveautestation de la réforme des retraites accusée justement de favoriser la « capi », d’une note diffusée le 2 janvier 2020 par la banque d’investissement et de financement Natixis, filiale du groupe BPCE (Banques Populaires – Caisses d’Épargne).

Pour rappel, les actifs financent, via les cotisations vieillesse, immédiatement les pensions des retraités dans un système de retraites par répartition, tandis qu’ils cotisent pour se constituer leurs propres rentes dans un système de retraites par capitalisation. Le premier système est basé sur le principe de la solidarité intergénérationnelle alors que le second se rapproche de l’épargne individuelle.

À peine 1,8% de rendement par an en répartition

En France, les 42 régimes de retraite de base et complémentaires obligatoires fonctionnent tous par répartition. Ce sera également le cas du futur système universel en points, a promis Emmanuel Macron. Aujourd’hui, la retraite par capitalisation demeure très marginale dans l’Hexagone : elle représente à peine 2,1% des prestations de retraite servies, selon les dernières données du ministère des Solidarités et de la Santé.

Or, d’après le « flash économie » édité par la direction des études de Natixis, le rendement « réel » (c’est-à-dire une fois l’inflation retranchée) du système par répartition s’est situé à seulement 1,8% par an en moyenne entre 1982 et 2019. Sur la même période, celui d’un portefeuille obligataire s’est élevé à 6,1% par an et celui d’un portefeuille d’actions à 11,4% par an.

Plusieurs biais

Les économistes de l’établissement financier en concluent qu’un euro cotisé en 1982 génère, en valeurs constantes (l’euro a remplacé le franc le 1er janvier 2002), 1,93 euro en répartition en 2019, contre 21,90 euros en capitalisation, en supposant que l’investissement ait été réalisé pour moitié en obligations et pour moitié en actions. Ce dernier schéma correspond à l’allocation d’actifs traditionnelle des fonds de pension. « Le coût d’avoir eu, depuis 40 ans, seulement de la retraite par répartition en France est donc considérable », estiment les auteurs de l’étude.

Reste que la note de Natixis comporte plusieurs biais. La date de 1982 a été choisie car elle correspond à la baisse de l’inflation. De quoi, mathématiquement, augmenter le rendement réel des actions et des obligations. Par ailleurs, la période comprise entre 1982 et 2019 a été marquée par une hausse de la profitabilité des entreprises qui s’est traduite par une envolée de leurs cours de Bourse. En outre, il faut rappeler que Natixis compte parmi ses clients institutionnels plusieurs fonds de pension. Enfin, la filiale de la BPCE passe sous silence les cas de faillite de ce type de fonds survenus entre 1982 et 2019 aux États-Unis, au Royaume-Unis et aux Pays-Bas.