L’immobilier d’entreprise a généré un volume d’investissement record sur le territoire national en 2018. L’Hexagone rattrape son retard face au Royaume-Uni et à l’Allemagne.

Les investisseurs ont les yeux de Chimène pour le marché français de l’immobilier d’entreprise. Les volumes d’investissement y ont bondi de 21% en 2018 pour s’élever à près de 32,5 milliards d’euros, d’après le dernier rapport « Spotlight Investissement France » publié le 8 avril 2019 par le fournisseur de services immobiliers Savills. Du jamais vu depuis 2007 lorsque le marché de l’immobilier d’entreprise tricolore avait flirté avec la barre des 30 milliards d’euros.

L’an dernier, l’Hexagone a ainsi capté 14% des volumes investis dans des actifs immobiliers en Europe (hors Russie), contre 11% en 2017. Compte tenu du ralentissement économique sur le Vieux continent, la France, avec ses 1,6% de croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2018 et ses 1,5% prévus en 2019 par le Fonds monétaire international (FMI), apparaît, il est vrai, relativement épargnée.

Changement de dimension

En outre, la demande soutenue de bureaux en Ile-de-France, le taux de vacance au plus bas (2,3% à Paris) et la recherche de la part des investisseurs d’une plus grande diversification des actifs pour compenser la chute des taux d’intérêt concourent à doper le marché hexagonal de l’immobilier d’entreprise. Le pays de Molière profite également des déconvenues de ses voisins.

Si le Royaume-Uni et l’Allemagne dominent encore largement avec respectivement 64,4 milliards et 60,4 milliards d’euros investis en 2018, les deux mastodontes européens ont perdu de leur superbe. L’an passé, les investissements immobiliers ont progressé d’à peine 2% Outre-Rhin, tandis qu’ils ont reculé, sous l’effet du Brexit, de 9% de l’autre côté de la Manche. « Les volumes investis en France en 2018 atteignent un niveau inédit. Mais il ne s’agit pas d’un simple record. Ce qui est réellement impressionnant, c’est le changement de dimension du marché français : il fait désormais partie du club des grands à l’échelle internationale », estime Boris Cappelle, directeur général de Savills France.

Les bureaux plus que jamais recherchés

Preuve de cette mutation : le marché bleu-blanc-rouge de l’immobilier d’entreprise attire beaucoup plus d’investisseurs étrangers. Alors qu’ils représentaient 25% des volumes investis en 2017, ces derniers ont généré 41% des investissements en 2018. Cette internationalisation résulte en partie de l’arrivée massive des Américains, passés de 3% à 11% des fonds investis en l’espace de 12 mois. Ils se placent devant les Allemands (10%), les Britanniques (8%) et les Asiatiques (5%).

Autre enseignement de l’étude de Savills : les bureaux sont plus que jamais recherchés. Cet actif a connu une hausse de 25% des investissements en 2018. D’ailleurs, les bureaux ont drainé 72% des volumes investis dans l’immobilier d’entreprise en France l’année dernière, contre 70% en 2017. A titre de comparaison, le commerce a représenté l’an dernier 12% des investissements, les entrepôts 9% et les services (maisons de retraite, résidences étudiantes…) 7%. Compte tenu de son rendement attractif et de la politique « pro business » du gouvernement, le marché français de l’immobilier d’entreprise devrait atteindre 30 milliards d’euros en 2019, pronostique Savills.