L’Association française de la gestion financière, qui réunit les acteurs de la gestion d’actifs en France, appelle à un rééquilibrage des investissements socialement responsables vers plus d’enjeux sociaux et de gouvernance.

La finance « verte » ne se résume pas à la protection de l’environnement. Tel est le message que souhaite rappeler l’Association française de la gestion financière (AFG) auprès de la Commission européenne. Si, dans un communiqué daté du 10 avril 2020, l’AFG salue le Plan d’action sur la finance durable présenté par l’exécutif européen en mars 2018 et qui « a déjà généré d’ambitieuses propositions législatives, avec pas moins de 5 textes législatifs en cours d’implémentation », l’association, qui représente les professionnels de la gestion de portefeuille pour compte de tiers (sociétés de gestion, mais aussi avocats, cabinets conseil, fournisseurs de données…) dans l’Hexagone, estime qu’il n’est pas complet.

L’AFG déplore, en effet, que jusqu’ici « les initiatives réglementaires ont mis l’accent sur les aspects environnementaux et climatiques ». L’association souligne que les critères ESG portent certes sur les initiatives des entreprises en matière environnementale (électricité issue des énergies renouvelables, gestion et revalorisation des déchets, réduction de la consommation d’eau et de matières premières…), mais aussi sociale (main d’œuvre bien payée, investissement dans la formation professionnelle, respect du droit syndical…) et de gouvernance (transparence dans les comptes, féminisation du conseil d’administration, présence d’administrateurs indépendants…).

Des critères importants avec la crise sanitaire et économique

En d’autres termes, il ne faut pas oublier, ou minorer, le « S » et le « G » dans l’ESG. Des critères d’autant plus importants en cette période de pandémie mondiale du coronavirus. « La crise sanitaire que nous traversons et l’ampleur de la crise économique déjà amorcée confirment l’urgence de ce rééquilibrage vers les enjeux sociaux », juge l’association.

Par ailleurs, elle attire l’attention de la Commission sur l’articulation des textes législatifs déjà en préparation et les nouveaux à venir. « Les investisseurs devront disposer de données standardisées, accessibles et auditées sur les entreprises et les projets financés pour pouvoir analyser les risques de durabilité, mesurer leur alignement avec une économie plus durable et en rendre compte à leurs clients », prévient l’AFG.

Renforcer l’éducation financière des épargnants

Enfin, l’association plaide pour un renforcement de l’éducation financière des investisseurs particuliers qui constituent, pour elle, le préalable au développement de la finance durable. L’AFG rappelle, à ce propos, qu’elle a édité un Livre blanc sur le sujet en septembre 2019. « Il est important que les épargnants européens disposent des informations nécessaires pour éclairer leurs choix et leur permettre d’être davantage acteurs de leur épargne. »

L’AFG compte profiter de la consultation lancée par la Commission européenne sur le renforcement de sa stratégie consacrée à la finance durable pour mettre en avant ses arguments. Avec des membres qui gèrent plus de 4.000 milliards d’euros d’actifs, soit un quart du marché de la gestion d’Europe continentale, elle espère être entendue.