Les Français ont thésaurisé et épargné comme jamais sur des placements sans risque, sauf sur les fonds en euros, pendant le confinement et le déconfinement qui a suivi. Sans renoncer aux supports en unités de compte de leurs contrats d’assurance vie et d’épargne retraite.

Le déconfinement n’a pas inversé la tendance. D’abord forcés de mettre de l’argent de côté car contraints de rester chez eux, les Français n’ont pas fondamentalement modifié leurs comportements d’épargne à l’issue du confinement. Ils sont continué à thésauriser massivement, comme le prouvent les premières statistiques de la Banque de France sur les principaux placements financiers des ménages au deuxième trimestre 2020. Alors que la consommation n’a pas retrouvé ses niveaux d’avant-crise. Un arbitrage classique en période d’incertitude, accentué par la crise sanitaire.

Les dépôts bancaires les plus sûrs et le cash ont été privilégiés. Et c’est un euphémisme : jamais les Français n’ont laissé autant d’argent dormir sur leur compte courant ou en espèces qu’au cours de ce trimestre : 37,3 milliards d’euros d’avril à juin après 22,2 milliards au premier trimestre. Soit plus en six mois que sur l’ensemble de l’année 2019, qui marquait déjà un record avec 40,5 milliards d’euros laissés au chaud.

Parallèlement, les dépôts sur les livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP, etc.) ont grimpé à 18,6 milliards d’euros au deuxième trimestre, après 7,2 milliards au premier trimestre. La baisse du taux du Livret A et du LDDS de 0,75% à 0,50% au 1er février dernier, son plus bas historique, n’a manifestement pas dissuadé les Français. Seul le dernier trimestre 2012, lorsque l’ancien président de la République François Hollande avait décidé de relever le plafond du Livret A, avait connu un tel surplus d’épargne sur les livrets réglementés en un trimestre (34,6 milliards).

Diversification privilégiée dans le cadre de l’assurance vie

De tels comportements ne sont guère surprenants dans un contexte de crise économique et sanitaire. Ce choix de la sécurité ne s’est cependant pas manifesté sur tous les supports d’épargne. Ainsi, dans le cadre des contrats d’assurance vie et d’épargne-retraite, l’heure est à la décollecte sur les fonds en euros à capital garanti : au deuxième trimestre, les retraits ont été supérieurs aux versements pour 1 milliard d’euros (après -3,8 milliards d’euros de janvier à mars). L’impossibilité d’épargner à 100% sur un support en euros chez un nombre croissant de compagnies a semble-t-il pesé dans les décisions des ménages. Il faut remonter à la crise des dettes souveraines, en 2010-2011, pour assister à deux trimestres consécutifs de retraits nets sur l’assurance vie en euros.

A l’opposé, les placements en assurance vie en unités de compte (UC), permettant de diversifier son épargne et d’espérer de meilleures performances en contrepartie d’une prise de risque, n’ont pas dévié de leur trajectoire. 3,1 milliards d’euros y ont été versés au deuxième trimestre, dans la droite ligne du flux trimestriel moyen de 2,7 milliards sur 2018-2019 observé par la Banque de France. Preuve que les Français n’ont pas cédé à la panique malgré la chute des cours de bourse en février-mars.