En pleine épidémie de Covid-19, les achats d’actions françaises par des particuliers ont été multipliés par quatre en mars par rapport à la même période de l’an dernier.

Le krach boursier consécutif à l’épidémie de coronavirus n’a pas douché les ardeurs des boursicoteurs. Loin de là. C’est même, contre toutes attentes, l’inverse qui semble se produire selon une étude de l’Autorité des marchés financiers (AMF) rendue publique le 27 avril 2020.

À la suite des forts mouvements de marchés observés au mois de mars à la suite de la pandémie mondiale, l’AMF a souhaité étudier le comportement des investisseurs particuliers vis-à-vis des actions. Pour cela, le gendarme de la Bourse de Paris s’est appuyé sur les données fournies par les établissements financiers français et leurs succursales situées à l’étranger dans le cadre du reporting des transactions.

Solde positif de 3,5 milliards d’euros

Il en est ressorti qu’entre le 2 mars et le 3 avril (date de la fin de l’étude), les achats d’actions du SBF 120 par les petits porteurs ont été multipliés par… quatre ! Sur ces cinq semaines, le montant net (les achats moins les ventes) des investissements boursiers par les particuliers a atteint la bagatelle de 3,5 milliards d’euros (dont 1,13 milliard d’euros sur la seule semaine du 9 mars). À titre de comparaison, le solde a été négatif de 5,9 milliards d’euros sur l’année 2019.

En d’autres termes, alors que la tendance était au désinvestissement boursier des investisseurs individuels (mis à part l’épisode de l’introduction en Bourse de la FDJ) avant le Covid-19, le virus a paradoxalement boosté le marché français. Les épargnants ont profité de la chute des cours pour acheter des titres à bas prix en espérant les revendre plus cher une fois la crise sanitaire passée et encaisser ainsi une belle plus-value.

150.000 nouveaux investisseurs

Preuve de cette ruée vers la « Corbeille » : si 750.000 clients particuliers ont acheté des actions du SBF 120 sur les deux dernières années (2018 et 2019) en cumulé, ils ont été 580.000 à le faire sur la période comprise entre le 24 février et le 3 avril 2020, soit six petites semaines. Parmi eux, 150.000 n’avaient jamais passé un ordre.

La crise du Covid-19 a donc attiré de nouveaux investisseurs particuliers en Bourse. Âgés en moyenne de 40 ans, ces néo-boursicoteurs sont 10 à 15 ans plus jeunes que les acheteurs habituels. Sans surprise, ils disposent de moyens financiers moins importants. « Tous établissements confondus, la médiane des achats effectués par des investisseurs « historiques » a été d’environ 5.000 euros, tandis que la médiane des achats effectués par les « nouveaux » investisseurs a été d’environ 2.500 euros, soit deux fois inférieure », pointe l’étude de l’AMF.

En toute logique, les nouveaux acheteurs détiennent moins d’actions que les anciens (2,8 titres en moyenne pour les premiers, 3,8 titres en moyenne pour les seconds). Ils sont également légèrement plus opportunistes : 12,3% ont déjà vendu leurs actions, contre 10% des investisseurs particuliers traditionnels.