Les prévisions de croissance de la société et les tendances du marché constituent les deux principaux critères de choix des investisseurs institutionnels français, selon une étude récente.

Contre toute attente, ce ne sont pas les bénéfices réalisés par une entreprise qui sont regardés en premier par les investisseurs institutionnels, les fameux « zinzins ». Du moins en France. Les indicateurs financiers arrivent seulement au troisième rang des critères de choix des acteurs tricolores lorsqu’ils décident d’investir dans une société, d’après une enquête diffusée le 6 février 2020 et menée par l’institut britannique Censuswide pour le compte du spécialiste de l’automatisation et de l’optimisation du contrôle financier BlackLine auprès de 101 investisseurs institutionnels français gérant au moins 100 millions de dollars d’actifs.

Plus précisément, à peine un peu plus d’un tiers (35%) des banques, compagnies d’assurance, sociétés d’investissement immobilier cotées (SIIC) et autres fonds d’investissements français interrogés déclarent éplucher dans le détail le bilan d’une entreprise avant d’entrer à son capital. La même proportion analyse les reportings financiers en amont de leur décision. En définitive, les « zinzins » hexagonaux sélectionnent les sociétés dans lesquels ils investissent surtout à partir de facteurs non financiers.

Le potentiel de développement avant tout

Ainsi, 48% d’entre eux regardent avant tout les prévisions de croissance de l’entreprise ; et 43%, les tendances de marché nationales ou internationales. On comprend mieux pourquoi les valeurs « vertes » ont le vent en poupe en ce moment, alors que peu d’entre elles sont encore rentables. En d’autres termes, les investisseurs institutionnels français misent davantage sur demain que sur aujourd’hui. Dit autrement, c’est plus le potentiel de développement d’une entreprise qui les intéresse que ses performances actuelles.

Une attitude qui tranche avec celle de leurs homologues étrangers. Outre les 101 représentants d’investisseurs institutionnels français, l’étude de BlackLine a interrogé 662 de leurs homologues américains, australiens, britanniques, allemands et singapouriens. En prenant en compte cette fois-ci l’ensemble du panel des 763 gestionnaires de risques, gestionnaires de portefeuilles, gestionnaires de fonds, analystes et dirigeants sondés, les réponses sont nettement plus « financières ». Les indicateurs comptables arrivent à égalité avec les prévisions de croissance de l’entreprise et le potentiel de développement du secteur d’activité dans lequel elle évolue, à 46%. 42% se penchent sur le reporting, et 41% étudient les tendances du marché.

Moins strict sur le contrôle financier

Autre différence : les données macroéconomiques sont globalement davantage prises en compte. Au niveau global, 39% des « zinzins » intègrent les perspectives économiques nationales et internationales avant d’investir dans une entreprise, contre 31% au niveau français. D’une manière générale, les Français sont moins attachés aux informations financières.

Si 93% disent avoir besoin d’avoir la preuve que la société gère correctement ses finances avant d’y prendre des parts, le pourcentage grimpe à 95% en intégrant les répondants internationaux. Et dans le cas où la cible offre une opportunité intéressante mais un contrôle financier défaillant, 29% des « frenchies » pousseraient à imposer des changements avant d’investir, contre 31% au niveau global.