Le mois de janvier a été marqué par une volatilité accrue des taux souverains, exacerbée par les craintes d'une reprise de l'inflation. Après un début de mois où les taux sans risque ont significativement augmenté, le report des annonces de la nouvelle administration Trump ainsi que des chiffres d'inflation rassurants ont permis une détente des taux d'État. Le marché du crédit à haut rendement (HY), soutenu par des facteurs techniques toujours très robustes, est resté immune à cette volatilité. L'attractivité des rendements stimule la demande, entraînant un resserrement des primes de risque, qui atteignent des niveaux historiquement bas. Le marché HY euro entame l'année 2025 avec des performances positives (+0,60%), tout comme le HY américain (+1,25%).

Notre stratégie High Yield
Sans surprise, la Réserve fédérale (FED) a marqué une pause dans son cycle de réduction des taux d'intérêt. La politique instaurée par l'administration Trump constituera un élément déterminant pris en compte par la FED pour ajuster sa future politique monétaire. Bien que les taux souverains aient peu réagi suite à la première réunion du FOMC de l'année, tenue en fin de mois, ils ont été particulièrement volatils durant le reste de la période. La crainte d'une reprise de l'inflation, liée à la nouvelle administration américaine, a fait grimper le taux américain à 5 ans aux niveaux de mars 2024 et le taux à 10 ans aux niveaux d'octobre 2023. Les niveaux ont ensuite reflué pour revenir à ceux de début de mois. En Europe, la situation est similaire : la volatilité des taux souverains persiste, mais dans des proportions plus limitées qu'aux États-Unis. En effet, la croissance en Europe, attendue plus faible qu'outre-Atlantique, et les potentielles politiques hostiles de Trump à l'égard du Vieux Continent laissent à penser que la Banque centrale européenne (BCE) continuera d'assouplir sa politique monétaire.
Le marché du crédit à haut rendement (High Yield) a particulièrement bien résisté à la volatilité des taux souverains. Les performances sont positives, portées par le resserrement des primes de risque au cours du mois (-9bps sur le HY Euro et -24bps sur le HY US). Aux États-Unis, elles atteignent des niveaux inédits depuis 2007. En Europe, les niveaux actuels sont semblables à ceux du marché en 2021.
Bien que les primes de risque soient à des niveaux historiquement bas, les rendements offerts par le marché HY demeurent attractifs. La demande pour cette classe d'actifs reste donc forte. Cette demande a permis d'absorber aisément le volume d'émissions primaires du mois de janvier, comme en témoigne la réduction moyenne de 50 points de base entre le rendement initial annoncé et le rendement final d'émission.
Le niveau historiquement bas des primes de risque aux États-Unis pourrait s'expliquer par l'amélioration de la qualité du gisement ces dernières années (plus de BB et moins de B). Lorsqu'on analyse les primes de risque par segment de notation, celles des BB sont à leur plus bas niveau historique, tandis que celles des B sont très proches (environ 30 points de base) des niveaux les plus bas connus en 2007. L'incertitude sur l'évolution des taux aux États-Unis est un facteur important à considérer lorsqu'on cherche à s'exposer au marché HY US : le portage est attractif, les primes de risque sont serrées et les taux devraient rester élevés. En Europe, les primes de risque sont également relativement basses, le portage reste attractif et la
trajectoire des taux semble plus claire grâce au soutien de la BCE.
Au regard de ces éléments, nous optons pour un positionnement surpondérant le HY euro par rapport au HY US afin de profiter de l'écart de prime de risque entre l'Europe et les États-Unis. Côté américain, nous réduisons notre sensibilité aux taux en diminuant la part de BB et de titres notés IG, tout en privilégiant la partie B, qui devrait davantage bénéficier de la bonne tenue de l'économie américaine. En Europe, nous favorisons les émetteurs HY de haute qualité de crédit (BB) et quelques émetteurs IG. Nous augmentons
ainsi notre sensibilité aux taux tout en évitant les secteurs les plus cycliques, plus vulnérables dans un environnement de faible croissance. Les hybrides corporates demeurent un segment attractif, permettant de profiter des primes de subordination d'émetteurs notés IG.