La BCE poursuit la baisse de ses taux directeurs alors que la Fed appuie sur le bouton pause. La mauvaise tenue de la conjoncture européenne justifie la poursuite de ce cycle.
Par Maxime Mura, Gérant Taux et Crédit Investment Grade chez Swiss Life Asset Managers France
Sans surprise, la Banque centrale européenne (BCE) a réduit ses taux d’intérêt directeurs de 25 points de base, ce jeudi 30 janvier, conformément aux attentes du marché, portant ainsi le taux de dépôt à 2,75%. Le ralentissement durable de l’inflation justifie l’assouplissement monétaire en cours et conforte la stratégie de la BCE. La décision prise à l’unanimité par le Conseil des gouverneurs signifie également que l’arrêt de cette politique n’est pas à l’ordre du jour.
Les risques potentiels, évoqués par Christine Lagarde lors de la conférence de presse, d’inflation de second tour et d’aggravation possible des tensions géopolitiques ne nous paraissent pas en mesure de remettre en cause le resserrement monétaire au cours des prochains mois. Malgré le maintien de l’inflation sur les services à des niveaux élevés, nous confirmons ainsi notre scénario de cinq baisses supplémentaires de taux à venir jusqu’à la rentrée de septembre.
En effet, la situation de l’économie allemande reste préoccupante à quelques semaines des élections générales et devrait demeurer atone en 2025. En France, la faiblesse de l’investissement au quatrième trimestre (-0,1% pour le PIB) et la dégradation du climat des affaires inquiètent également. La BCE
pourrait donc être tenue d’abaisser plus fortement ses taux directeurs, courant 2025, en soutien de la conjoncture européenne globale, et pour pallier le manque de coordination politique des locomotives de la zone euro.
Enfin, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ne devrait pas, selon nous, créer de pression inflationniste excessive pour la zone euro, contrairement à certaines anticipations. Le nouveau président américain souhaite que la Fed maintienne des taux bas. Il devra ainsi s’assurer que les barrières douanières ne provoquent pas un rebond de l’inflation aux Etats-Unis et une relance de la guerre commerciale avec l’Europe.
Les banques centrales actent la fin de leur synchronisation
Comme attendu, la Réserve fédérale (Fed) a marqué une pause dans son cycle d’assouplissement monétaire, à l’issue de la réunion du FOMC de mercredi, mais nous anticipons encore quatre baisses de taux de l’autre côté de l’Atlantique cette année, alors que le consensus n’en prévoit que deux. Parallèlement, la Bank of Japan (BoJ) a porté son taux directeur à un niveau inédit depuis 2008.
La synchronisation entre grandes banques centrales n’est plus de mise et les chemins divergent désormais. Pour les investisseurs, ce nouveau paradigme suppose une allocation plus fine entre classes d’actifs et zones géographiques. Nous restons positifs sur les obligations européennes alors que la baisse des taux longs devrait se poursuivre. La publication en février des chiffres de l’inflation devra toutefois être surveillée attentivement par les investisseurs avant la prochaine réunion de la BCE prévue le 6 mars prochain.